Andrée Dorchy : 100 ans, 1000 anecdotes

« Ma vue s’en va de plus en plus, mais je me débrouille encore toute seule. La télé ? Je ne vois plus grand-chose… mais j’écoute ! Heureusement, je ne suis pas sourde ! ». Le ton est donné, Andrée Dorchy est un mélange d’humour et de pragmatisme. Difficile de croire qu’elle vient de souffler 100 bougies : vive, loquace, sociable, elle partage volontiers ses souvenirs avec une simplicité désarmante, sans nostalgie, ni fausse modestie.

100 ans moins 3 jours
Andrée voit le jour le 22 juin 1925 à Calais... par hasard, ses parents s’y trouvant en déplacement. Trois jours plus tard, elle arrive en train à SaintAndré. Depuis, elle est fidèle à la ville, elle plaisante : « Je suis andrésienne depuis presque toujours. 100 ans moins 3 jours !" Son père est employé de l’entreprise Kuhlmann. Pour son dévouement et sa disponibilité, il obtient un logement sur le site. Andrée y vivra longtemps. Ses enfants y naitront même. Sa fille, Brigitte aime à préciser : « Avec mon frère, nous sommes de purs produits chimiques ! »

De fil en aiguille
Après le CAP et le Bac couture, Andrée Dorchy travaille pour une grande Maison près de l’Opéra. Elle raconte : « Avec mes diplômes, ils m’ont dit que ce serait trop cher de m’engager. Mais quand ils ont aperçu la doublure du manteau que j’avais cousu main, ils m’ont embauchée sans hésiter ! » Au sein de cette entreprise, elle accompagne de nombreux défilés en France et en Allemagne, mais surtout la couture lui ouvre les portes de la Maison de la Jeunesse et de la Culture (MJC). De couturière pour l’association, elle devient vite une figure incontournable. Elle s’implique dans toutes les activités : animations, repas, sorties… « C’était ma deuxième maison ! » se souvient-elle avec émotion. Elle se remémore y avoir croisé nombre d'artistes, comédiens, chefs d’orchestre … Elle a même maquillé Dany Boon à ses débuts. Entre les sorties du mercredi et les colonies, avec la MJC, Andrée en a vu du pays ! Grâce au jumelage avec Dormagen, elle a également participé à de nombreux échanges franco-allemands. Sans parler un mot de la langue, elle parvenait toujours à se faire comprendre… à grand renfort de gestes et de dessins. Encore amusée, elle se rappelle : « Je ne tenais jamais en place, j’aimais m’impliquer. On me prenait pour la présidente ! »
Aujourd’hui, elle ne voyage plus, mais garde en mémoire des souvenirs lumineux, comme cette visite à son fils en poste en Nouvelle-Calédonie : « 36 heures d’avion, … mais c’étaient de belles vacances ! »

Entourée, aimée, respectée
Mariée en 1947, Andrée a 2 enfants, 4 petits-enfants, 10 arrière-petits-enfants et 2 arrière-arrière-petits-enfants. Quand elle les évoque elle dit : « J’ai une bonne famille ! Ma fille m’aide beaucoup, elle est mes yeux et mon fils qui habite en Thaïlande me téléphone ». La matriarche est bien entourée : « J’ai deux bonnes infirmières, mon kiné, mon médecin, j’ai toujours de la visite. Une jeune femme m’accompagne faire mes courses ». Dans l’immeuble aussi, tout le monde est bien intentionné pour la doyenne, attentif à ses besoins, même si ça implique d'intervenir en pleine nuit. Elle confirme : « J’ai des voisins vraiment sympas ! ».
Elle finit en évoquant la photo de son anniversaire publiée sur les réseaux : « Des amis m’ont dit : “on t’a vue sur Facebook, qu’estce que t’es belle ! »... C'est vrai , Andrée est une belle personne !